Nexperia, acteur clé au cœur d’une guerre technologique #
Bien que basée aux Pays-Bas, elle est sous contrôle chinois via le groupe Wingtech. Ce fabricant est indispensable à la production de semi-conducteurs, notamment des diodes, transistors et régulateurs de tension. Ces composants, bien que peu visibles, sont essentiels au fonctionnement des voitures électriques modernes.
La nationalisation temporaire de Nexperia par les autorités néerlandaises fin septembre 2024 a fait monter la tension. Cette décision, motivée par des impératifs liés à la sécurité européenne, répond à la pression américaine souhaitant limiter l’accès chinois à ces technologies. En réaction, la Chine a suspendu toutes les exportations de ses usines du groupe, engendrant un blocage majeur dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les répercussions immédiates sur la production automobile électrique #
Le secteur des véhicules électriques est le plus touché par cette crise. Il faut rappeler qu’une voiture électrique utilise trois fois plus de semi-conducteurs qu’un véhicule thermique classique. Les systèmes de gestion des batteries, les onduleurs et les chargeurs embarqués dépendent donc directement de ces composants essentiels.
Nexperia fournit à elle seule 60% des composants à l’industrie automobile. Les stocks actuels permettront aux constructeurs de tenir seulement deux à trois semaines avant de subir des interruptions dans leur production. De grands groupes comme Volkswagen, Stellantis et Renault ont déjà activé leurs cellules de crise, signe d’une inquiétude croissante du côté des fabricants et des consommateurs.
Les limites des alternatives face à la concentration du marché #
Pour faire face à cette pénurie, les équipementiers cherchent d’autres fournisseurs en Europe, notamment Infineon et STMicroelectronics. Ces acteurs ont une capacité limitée et ne peuvent pas immédiatement compenser la perte des volumes de Nexperia. Leur production ne couvre qu’environ 30% de la demande actuelle.
Le processus de qualification des nouveaux fournisseurs est long et rigoureux, surtout dans l’automobile. Chaque composant doit répondre à des normes strictes, notamment pour les applications haute tension des véhicules électriques. Les tests et validations peuvent prendre entre trois et six mois, une durée difficile à gérer dans la situation présente.
- Temps de qualification des nouveaux composants : 3 à 6 mois minimum
- Capacité de production alternative disponible : 30% maximum de la demande
- Coût supplémentaire estimé : 15 à 25% supérieur aux prix pratiqués par Nexperia
Les impacts pour les consommateurs d’automobiles électriques #
Cette crise survient alors que le marché européen de la voiture électrique commençait à se stabiliser après la pénurie majeure de 2021-2022. Les constructeurs avaient commencé à reconstituer leurs stocks, mais cette nouvelle rupture pourrait provoquer de nouveaux retards. Les acheteurs potentiels doivent s’attendre à des délais rallongés pouvant atteindre 4 à 8 semaines pour les véhicules en cours de production.
Pour limiter les désagréments, il est conseillé de privilégier les modèles déjà disponibles chez les concessionnaires. Ceux-ci ne seront pas affectés immédiatement par la pénurie. Cependant, pour toute commande personnalisée ou nouvelle production, il faudra faire preuve de patience, car les chaînes d’approvisionnement restent fragiles et incertaines.
Cette crise souligne combien la chaîne technologique derrière la voiture électrique est fragile et vulnérable aux aléas géopolitiques.
Une fragilité structurelle révélée par la crise #
Au-delà de l’automobile, cette situation met en lumière la dépendance européenne aux fournisseurs étrangers pour des composants stratégiques. L’industrie des énergies renouvelables, qui utilise aussi massivement des semi-conducteurs, observe cette crise avec beaucoup d’attention. Les fabricants d’équipements photovoltaïques et éoliens pourraient être les prochains à faire face à des difficultés similaires.
Les autorités européennes ont lancé le plan “Chips Act” doté de 43 milliards d’euros, avec pour objectif de renforcer l’autonomie technologique du continent. Cependant, les premiers résultats ne sont pas attendus avant 2027-2028. En attendant, l’Europe reste vulnérable face aux tensions internationales et doit trouver des solutions plus immédiates pour sécuriser ses approvisionnements.
Est-ce que cette crise pourrait accélérer la recherche sur des alternatives aux semi-conducteurs traditionnels ?
Merci pour cet article très clair, on comprend mieux les enjeux cachés derrière la voiture électrique ! 😊